Les statistiques publiques sur l’investissement direct étranger sont-elles utiles?
Un cas de syndrome du lampadaire

Les statistiques publiques montrent un taux de croissance de l’investissement direct étranger (IDE) au Canada de 6 %1 par an ($ courants) depuis 2000, avec un niveau de variation remarquablement bas. Difficile à réconcilier avec un taux de croissance de 10 %de la valeur des dépenses d’immobilisation au Canada réalisées par les investisseurs étrangers, et avec des variations qui reflètent beaucoup plus fidèlement les fluctuations de l’économie canadienne.

IDE et dépenses d’immobilisation par les investisseurs étrangers – Base 100 – 2000-2014
IDE et dépenses d’immobilisation par les investisseurs étrangers – Base 100 – 2000-2014

Sources:
IDE : Statistique Canada, Investissements directs étrangers au Canada, CANSIM, Tableau 376-0051, 2015.
Dépenses d’immobilisation étrangères : E&B DATA (Capex-en-ligne), 2015.

Outre les dépenses d’immobilisation, les statistiques officielles sur l’IDE comprennent la valeur des transactions des fusions et acquisitions. De plus, quand on se rend compte que sont incluses dans ces statistiques canadiennes la valeur de transactions entre sociétés étrangères (ex. : la fusion d’Xstrata et Glencore), l’intérêt de ces statistiques est singulièrement réduit. En effet, ces transactions ne reflètent pas nécessairement l’attractivité des actifs canadiens pour les étrangers, mais seulement le transfert de propriété d’actifs canadiens déjà détenus par des étrangers, à d’autres étrangers. En incluant des valeurs de transactions financières – souvent substantielles – dont une part importante n’a aucune signification économique pour le Canada, on minimise la présence des projets d’immobilisation qui constituent pourtant les véritables ajouts à la capacité productive de l’économie canadienne. On passe à côté d’une réalité fondamentale dans l’économie canadienne : près de 40 % de la valeur des projets d’immobilisation sont attribuables à des investisseurs étrangers3.

Bref, les statistiques publiques sur l’IDE passent à côté de l’activité économique réelle attribuable aux investisseurs étrangers, et les analyses qui en découlent risquent d’être faussées. Une belle illustration du syndrome du lampadaire4!

******

[1] CANSIM, Tableau 376-0051.
[2] E&B DATA, Capex-en-ligne, 2015. Moyenne 2000-2014.
[3] Ibid.
[4] Freedman, D. H. (Juillet-Août 2010). Why Scientific Studies Are So Often Wrong: The Streetlight Effect. Discover Magazine. 

 

 

E&B DATA INFOLETTRES


 


 


 


 

* champ requis

 

Les commentaires sont fermés.