Les coopératives dans l’industrie lourde : oxymore ou signe des temps ?

Il n’y a pas que les grandes corporations privées qui jouent un rôle déterminant dans la production et la commercialisation des matières premières et dans la réalisation d’investissements massifs dans ce domaine. On a vu apparaître au cours des dernières années les grandes sociétés d’état et les fonds souverains qui investissent hors de leur pays d’origine. Des acteurs plus discrets commencent aussi à se manifester: les coopératives.

À titre d’exemples, trois projets ont fait les manchettes au Canada au cours des derniers mois :

  • Raffinerie de pétrole. Co-op Refinery Complex vient de compléter au mois d’octobre 2012 un projet d’expansion (2,7 milliards $) de sa raffinerie de pétrole de Regina, dans la Saskatchewan. Sa capacité de production de 145 000 barils par jour en fait désormais la 4e plus grande raffinerie de pétrole au Canada. L’entreprise est une filiale de Federated Cooperatives (siège social à Saskatoon), qui fournira ainsi plus de 250 coopératives membres de la fédération localisées dans la Saskatchewan.
  • Usine d’engrais azotés. IFFCO et La Coop fédérée se sont associés pour la construction d’une usine (1,2 milliard $) près de Trois-Rivières, Québec. Indian Farmers Fertiliser Cooperative, dont le siège social est à New Delhi, regroupe plus de 40 000 coopératives. La Coop fédérée (siège social à Montréal) distribuera une partie de la production dans son réseau de plus de 175 points de vente au Canada.
  • Port méthanier. BC LNG s’est engagé dans un projet de terminal méthanier (400 millions $) sur la côte ouest de la Colombie-Britannique. Un des partenaires principaux du projet est la BC LNG Export Co-Operative, regroupant la Première Nation Haisla (située sur la côte nord de la province, dans la région de Kitimat) et une dizaine de producteurs gaziers de taille intermédiaire de Colombie-Britannique et d’Alberta, de même que des regroupements d’acheteurs asiatiques. Ces partenaires n’ont normalement pas un accès aisé aux réseaux de transport et de commercialisation internationaux de gaz naturel.

Associées largement dans les perceptions publiques aux secteurs agro-alimentaire et financier, les grandes coopératives canadiennes se manifestent désormais dans le secteur de la grande industrie. Dans les trois cas mentionnés plus haut, la formule coopérative se justifie par un désir d’offrir une option de marché indépendante des grandes sociétés internationales privées qui contrôlent des parts dominantes dans les réseaux commerciaux de production et de vente de denrées de base. Les coopératives peuvent donc faciliter l’accès aux ressources (énergie, engrais) et atténuer la volatilité des prix, au bénéfice de leurs membres-utilisateurs.

 

.

 

E&B DATA INFOLETTRES


 


 


 


 

* champ requis

 

 

Les commentaires sont fermés.