Dégringolade des projets d’énergie alternative au Canada : la faute au pétrole et aux limites budgétaires des gouvernements ?

Un événement qui est passé inaperçu au cours de 2012 est la chute des annonces de nouvelles immobilisations pour des projets d’énergie alternative et de technologies environnementales au Canada par des sociétés privées. En effet, alors que l’on dénombrait entre 7 et 8 milliards $ par année en annonces de tels projets au Canada en 2010 et 2011 (ex. : parcs éoliens, usines de biocarburants), la valeur des nouveaux projets annoncés en 2012 est inférieure à  3 milliards $. À titre de comparaison, 27 milliards $ ont été annoncés en nouveaux projets d’hydrocarbures (extraction, transformation, transport) en 2011 et 84 milliards $ en 2012 au Canada. L’écart dans l’activité d’investissement est grandissant, au profit des énergies conventionnelles.

La faute au pétrole et au gaz naturel ?… L’impact baissier de la production des gaz de schiste sur les prix du gaz naturel en Amérique du Nord est désormais bien connu.  Sans parler de baisse structurelle pour le prix du pétrole, on peut néanmoins parler de plafonnement.  Celui-ci devient de plus en plus évident avec un niveau qui dépasse de moins en moins souvent le seuil symbolique de 100 $US le baril de pétrole brut (West Texas Intermediate).

Les conflits dans les régions productrices (exportatrices) ont poussé temporairement à la hausse les prix du pétrole, cachant le fait que la reprise économique mondiale n’est pas au rendez-vous : même si la croissance des économies dites « émergentes »  est dans l’ensemble robuste, elle est toutefois moins vive qu’avant la crise financière de 2008, et demeure insuffisante pour compenser la faiblesse structurelle des économies des États-Unis et de l’Union européenne. Enfin, les ratios mondiaux des réserves par rapport à la production ont tendance à augmenter, avec le développement des technologies qui permettent désormais l’accès à des gisements qui étaient jugés inexploitables jusqu’à tout récemment. Ce dernier facteur est sans doute le plus décevant pour les investisseurs qui recherchent une rentabilisation rapide de projets dans les secteurs des énergies renouvelables, et qui anticipaient une hausse inexorable des prix du pétrole. Ce ne serait pas la première fois que le prix du pétrole déjoue les pronostics. Ainsi, l’essor des technologies environnementales qui avait suivi les chocs pétroliers de 1973 et de 1979 avait été lui-même largement anéanti par la baisse prolongée des prix du pétrole brut entre 1986 et 1998. Une fois de plus, la fin de l’ère du pétrole a été annoncée de façon prématurée. Une génération d’investisseurs le constate désormais à ses dépens.

… ainsi qu’à la crise budgétaire des administrations publiques ? Il existe une seconde raison possible à la chute des annonces de nouveaux projets dans le secteur des énergies alternatives : c’est la modération de l’enthousiasme des administrations publiques qui ont accordé jusqu’ici des avantages financiers importants aux projets d’énergie alternative. Soucieux de maintenir leur image, sensibles à la nouvelle réalité des prix de l’énergie évoquée plus haut,  inquiets des surcharges financières que pourrait leur causer le soutien aux projets déjà entrepris, les gouvernements se font discrets et n’affichent pas la baisse de leur empressement pour de nouveaux projets d’énergie alternative. En effet, ce qu’il faut appeler la crise budgétaire de nombreuses provinces canadiennes remet en cause la continuation illimitée du soutien financier à ces projets.

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