Chute des prix du pétrole : effets de contagion à prévoir pour 2015 ? Donc le seul jeu d’offre et de demande dans le marché du pétrole expliquerait la chute spectaculaire du prix du pétrole? Si c’était si simple… Pour un peu plus de 91 millions de barils de pétrole liquide consommés par jour dans le monde1, il y en a au moins dix fois plus (1,2 milliard de barils2) qui sont transigés chaque jour par les investisseurs sur les marchés financiers de produits dérivés, sans parler des transactions sur les titres des sociétés pétrolières et ceux des institutions financières exposées dans le secteur pétrolier. Ces produits dérivés sont détenus en grande partie (plus de 90%) par des spéculateurs, le reste étant détenu par les grands consommateurs (ex. : sociétés de transport aérien) cherchant à se protéger de la volatilité des prix (hedgers). Étant donné la disproportion entre la taille du marché réel et celle du marché virtuel, les mouvements sur le marché financier du pétrole exacerbent donc les mouvements des prix attribuables aux déséquilibres entre l’offre et la demande courantes de barils liquides. Si ces mouvements drastiques n’affectaient que les négociants (traders), l’impact serait somme toute limité, mais dans le cas où ceux-ci ont emprunté de façon parfois massive, l’effet de levier inversé (deleveraging) peut avoir des conséquences majeures sur les prêteurs, lorsque les prêts arriveront en période de renouvellement. L’ampleur d’un choc dépendra de la durée de la chute des prix et du degré d’exposition des investisseurs et des institutions financières. Dans le pire scénario, la situation pourrait affecter le secteur financier puis l’économie réelle par un phénomène de contagion qui n’est pas sans rappeler celui que l’économie mondiale a vécu en 2009 suite à la crise des subprimes dans le secteur immobilier aux États-Unis. ******
[1] Agence internationale de l’énergie (AIE) et US Energy Information Administration (EIA), décembre 2014.
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