Investissement industriel et création d’emploi: un lien de plus en plus faible ?

L’investissement dans le secteur manufacturier au Canada se situe entre 15 et 20  milliards $ par an depuis 20011. Pendant la même période, les livraisons du secteur ont augmenté de près de 9% alors que l’emploi correspondant a quant à lui chuté de près de 25%2.

À quoi tient cette réduction de l’emploi? D’abord, à des évolutions dans la structure industrielle du pays, mais aussi à des améliorations de productivité à l’intérieur d’industries spécifiques (ex. : métaux primaires), où la valeur des livraisons par travailleur a augmenté de façon parfois substantielle (attribuable en partie il est vrai à l’augmentation du prix des matières premières depuis 2001).

On peut comprendre que l’emploi créé par les entreprises qui investissent ne suffit pas nécessairement à compenser les pertes d’emploi encourues par les entreprises qui n’investissent pas, qui sont en déclin ou qui ferment. Examinons alors de plus près la création d’emploi reliée spécifiquement à des projets d’investissement. On observe effectivement que l’investissement entraîne une création d’emploi. Cependant, on observe également que l’emploi par dollar investi a tendance à diminuer. La comparaison des périodes 2000-2006 et 2007-2013, pour une sélection de secteurs manufacturiers, s’avère révélatrice : l’emploi créé par million $ investi a chuté, diminuant approximativement de moitié3. Dans l’ensemble, l’emploi par million $ investi s’établit maintenant à 0,5 (2013) pour l’ensemble des projets du secteur manufacturier au Canada.

Emploi permanent créé par million $ investi – Sélection de secteurs manufacturiers – Canada – Comparaison 2000-2006 et 2007-2013

Emploi permanent créé par million $ investi 

 Source : E&B DATA, Capex-en-ligne.                                                                                                                                        Note : Emplois créés dans le cadre de projets d’investissement spécifiques. 

Par ailleurs, il est nécessaire de différencier un investissement pour un nouvel établissement d’un réinvestissement dans des installations existantes. Évidemment, un projet de nouvelle usine aura un effet plus important sur les emplois créés en fonction du montant investi qu’un réinvestissement destiné à, par exemple, augmenter les capacités ou la productivité d’une usine. Ainsi, les projets de réinvestissement actuels des entreprises sont principalement axés vers l’automatisation des procédés. Les emplois existants seront donc conservés et consolidés, mais l’augmentation totale des emplois sera faible, voire nulle.

Est-il réaliste de continuer d’espérer des relances substantielles de l’emploi avec des ratios aussi réduits ? Et sachant que près de la moitié des revenus du gouvernement canadien provient de l’emploi4, est-il sage de continuer d’asseoir la base fiscale sur un facteur de production, le travail, dont la création et même le maintien est manifestement de plus en plus coûteux ?

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[1] Statistique Canada. Tableau 029-0005.
[2] Ibid. Tableaux 304-0015 et 281-0024.
[3] E&B DATA, Capex-en-ligne. Estimation basée sur l’analyse de 1 045 projets d’investissement.
[4] Comptes publics du Canada, État consolidé des revenus et charges, 2013.

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