La croissance passe par l’investissement étranger, mais le potentiel est-il atteint?
Le facteur de localisation oublié

L’investissement étranger compte pour environ 40 % de la valeur des nouvelles capacités productives (manufacturier, extraction minière et pétrolière) au Canada (dix dernières années). De plus, la valeur d’un projet d’investissement typique (médian) étranger – plus de 30 millions $ – est près de deux fois plus élevée que celle du projet d’investissement national typique1. Le Canada satisfait manifestement aux facteurs de localisation de nombreux investisseurs.

D’où viennent ces investisseurs? Des États-Unis d’abord (40 % de l’investissement étranger au Canada – en valeur), suivis de façon presque égale par ceux d’Asie-Pacifique et de l’Union européenne (26 % et 25 % respectivement)2.

Investissements mobiles

Le potentiel est-il atteint? Peu probable. Le Canada, avec 2% du PIB mondial3 et avec une croissance plutôt modérée, n’est généralement pas dans le radar de la plupart des investisseurs internationaux, sauf dans les industries où le Canada se démarque par la diversité et la taille de ses gisements minéraux et énergétiques. C’est ce qui explique que près de 90 % de la valeur des projets d’immobilisation des investisseurs étrangers au Canada soient directement liés aux secteurs des ressources naturelles et de l’énergie4.

Cela dit, plus de 120 projets d’investissement étranger par an pouvant être qualifiés de plus mobiles5 (non liés à la présence de ressources naturelles et d’énergie) s’implantent néanmoins chaque année au Canada, bon an, mal an, attirés certes par le marché intérieur, mais aussi par les occasions d’y implanter des capacités de production visant l’exportation. C’est en effet ce que suggère la proportion élevée des implantations dans des secteurs tels que la haute-technologie et l’instrumentation, ou encore le matériel de transport. Dans une conjoncture où les projets de ressources naturelles se font moins nombreux, le ciblage des projets étrangers mobiles prend toute son importance pour stimuler une économie au ralenti.

Le Canada : un vendeur dans un marché d’acheteurs

Le Canada offre manifestement des facteurs de localisation favorables pour des investissements mobiles. Mais si ces avantages demeurent méconnus de la majorité des investisseurs étrangers, le jeu est perdu d’avance étant donné la vive concurrence parmi les pays et régions visant l’attraction des projets mobiles. En terme d’attraction de capitaux étrangers, le Canada doit se mettre en position de séduction : il doit non seulement comprendre les intérêts des investisseurs étrangers et préciser son offre en conséquence, mais aussi aller au-devant des investisseurs potentiels pour bien afficher ses avantages sur le plan du climat d’investissement6.

Clairement, l’information est le facteur de localisation ultime.

 

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[1] E&B DATA. CAPEX-en-ligne. Cette base de données suit notamment l’investissement étranger pour des projets d’immobilisation, contrairement aux données officielles qui suivent l’investissement direct étranger de façon globale (incluant notamment les acquisitions). Pour les comparaisons avec les statistiques publiques, voir: « Les statistiques publiques sur l’investissement direct étranger sont-elles utiles? ».
[2] E&B DATA, « Point de Mire – Monde », Profil des projets d’investissement direct étranger au Canada 2005-2014 – Août 2015.
[3] Banque Mondiale, World Development Indicators, 2015.
[4]-[5] Voir Note 1.
[6] À titre d’exemple, on notera le lancement du Répertoire des parcs industriels du Québec visant à rassembler de façon visible la disponibilité des espaces industriels au Québec, à l’attention des investisseurs internationaux.

 

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