Budget québécois : des prévisions de croissance surprenantes pour 2015-2016

Au mieux, l’économie québécoise ne peut que plafonner. Si la demande mondiale continue de ralentir, l’économie québécoise ne sera pas épargnée. Si au contraire la demande mondiale se réveille, la main-d’œuvre risque de ne pas être au rendez-vous1. Quel que soit le scénario, l’atteinte des taux de croissance du PIB québécois au niveau moyen des 30 dernières années (2%)2 sera difficile à reproduire.

Il est vrai que l’économie québécoise – parmi les économies développées – est une de celles qui ont le mieux réagi pendant et après la Grande Récession avec une croissance du PIB de 1,2% au Québec contre -0,1% pour l’ensemble des pays de l’OCDE pour la période 2008-20103. Deux raisons principales (au-delà de l’absence d’une crise financière locale) expliquent cette performance : 1) la poursuite de programmes d’infrastructures (transport et énergie notamment) qui étaient déjà en route lors de l’éclatement de la crise, et 2) l’essor du secteur des ressources naturelles.

Comment le gouvernement du Québec entend-il améliorer ses chances d’atteindre son objectif de croissance optimiste (2,0% en 2015 et 2016)4? En maintenant l’investissement public à un niveau élevé, alors que sa part dans l’investissement total a déjà substantiellement augmenté depuis 2000 (passant de moins de 20% à plus de 30% – voir figure). C’est également en misant sur « des mesures pour stimuler les investissements privés qui contribuent à la vitalité économique du Québec.» Toutefois, les résultats risquent d’être décevants quand on sait que de nouveaux grands projets industriels pourtant annoncés au cours des dernières années et dont la valeur totale dépasse 20 milliards $ ne démarreront probablement pas au cours des deux prochaines années6.

Part des dépenses d’immobilisations publiques et parapubliques dans
l’investissement total – Québec et Canada – 2000-2014
Part des dépenses d’immobilisations publiques et parapubliques dans l’investissement total – Québec et Canada – 2000-2014

                             Source : Statistique Canada. Tableau 032-0002.

Face à cette situation, le gouvernement aura-t-il la tentation de survolter la croissance par de nouvelles dépenses d’infrastructures qui s’ajouteraient à celles déjà prévues? Le plan québécois des infrastructures (PQI) prévoit déjà des dépenses moyennes de 9 milliards $ annuellement  jusqu’en  2025,  avec plus de 150 projets dont la valeur dépasse 50 millions $7. L’expérience a cependant montré que l’engorgement de grands projets et la tentation de « sauter les étapes » peuvent avoir des effets indésirables (goulots d’étranglement, surcoûts parfois considérables)8.

L’objectif de croissance pourrait donc malgré tout être atteint. Mais à quel prix ?

******

Inscrivez-vous à notre prochain webinaire:« Halte à la croissance au Québec: les travailleurs ne seront plus au rendez-vous », le 6 mai prochain, de 12h à 13h.

******

[1] E&B DATA, 2015. « Prévision de croissance économique à 2% et plus ? Impossible à soutenir à moyen et long termes au Québec ».
[2] Statistique Canada, Tableau 384-0038 et Institut de la Statistique du Québec, décembre 2014, « Produit intérieur brut par industrie au Québec ».

[3] Statistique Canada, Tableau 384-0038 et Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Produit intérieur brut (PIB).
[4] Budget 2015-2016, mars 2015.
[5] Budget 2015-2016, mars 2015. « Communiqué 4 de 6 – Stimuler l’investissement privé et mettre en œuvre la stratégie maritime ».
[6] E&B DATA, 2015. Capex-en-ligne.
[7] Plan québécois des infrastructures 2015-2025, Secrétariat du Conseil du trésor. Note : À titre indicatif, l’investissement public total au Québec (incluant les dépenses d’immobilisation d’Hydro-Québec, du gouvernement fédéral et des municipalités s’élevait à 22 milliards $ en 2014). Source : Statistique Canada. Tableau 032-0002.
[8] Exemples : Rond-point de L’Acadie et le prolongement du métro de Montréal vers Laval. « Les douze projets du Québec analysés nous ont permis de faire les constats suivants sur les projets publics réalisés en « fast track » : 1) tous les projets ont dépassé les échéances (les dépassements sont en moyenne de près de un an); 2) tous les projets ont dépassé le budget anticipé (en moyenne de plus de 100 %). » Source : Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), 2006. « La gouvernance des grands projets d’infrastructure publique – Analyse des grands projets réalisés au Québec ».

 
Inscrivez-vous à notre prochain webinaire:

« Halte à la croissance au Québec:
les travailleurs ne seront plus au rendez-vous »

 

E&B DATA INFOLETTRES


 


 


 


 

* champ requis

 

 
 

Dernière édition de:
PERSPECTIVES MÉGAPROJETS

Perspectives Mégaprojets - 4Q14-F_Page_1

Perspectives Mégaprojets - 4Q14-F_Page_2

Perspectives Mégaprojets - 4Q14-F_Page_3

FLUCTUAT NEC MERGITUR

Les commentaires sont fermés.