Plan Nord : Abandon ou nouvel élan ? 45 milliards $ de projets continuent d’aller de l’avant dans le Nord canadien

Ce sont entre 35% et 40% de la valeur des grands projets d’investissement industriels annoncés au Canada1 qui se destinent vers les régions nordiques2, en excluant les projets d’hydrocarbures.

Et c’est là que les défis commencent puisque le coût des infrastructures requises pour accéder à ces régions représente entre 10% et 15 % du coût de la valeur totale de ces projets, et parfois plus. Or ces coûts sont souvent sous-estimés. Autant les investisseurs connaissent bien les coûts dans leur propre périmètre de production, autant leurs connaissances sont limitées à l’extérieur de ce périmètre. L’explosion possible de ces coûts d’infrastructure risque alors de compromettre la rentabilité de ces projets. L’aversion au risque croissante des grands investisseurs va de pair avec la baisse marquée de leur profitabilité depuis quelques années. Par exemple, les plus grands investisseurs internationaux du secteur des mines et métaux au Canada (Alcoa, ArcelorMittal, BHP, Rio Tinto, Vale et Xstrata3) ont vu leur profitabilité passer de 34 % en 2010 à 12 % en 20124.

Malgré tout, plusieurs projets continuent d’aller de l’avant, tout au moins ceux qui ont réussi à sécuriser leur financement. Dans le contexte actuel d’inertie des prix des matières premières, les fonds nécessaires au déploiement des projets sont en effet libérés de façon très graduelle. Faut-il le déplorer ? Peut-être pas si cela entraîne :

  • l’élimination (abandon) des projets dont la profitabilité espérée est marginale;
  • une période plus longue pour permettre aux administrations publiques, dépassées lors de situations de boom, de planifier le développement socio-économique (ex.: programmes de formation, logement) et la coordination des services publics (mise en place et formules de partage de coûts) requis pour un développement du nord qui soit réellement durable.

Après tout, la durée de vie d’une mine typique est de l’ordre de 15 à 20 ans, alors que la rentabilisation d’infrastructures publiques est de l’ordre de 50 ans et plus. Ces différences de perspectives temporelles appellent donc des arbitrages qu’il serait malheureux de précipiter.

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[1] Basé sur 80 projets d’immobilisation de 500 millions $ et plus annoncés au Canada. Source : Capex-en-ligne, 2013.
[2] Comment définir ces régions ? Ce sont celles pour lesquelles l’accès aux infrastructures productives (routes, lignes électriques, chemin de fer) est inexistant ou tout au moins insuffisant.
[3] Maintenant connu sous le nom de Glencore Xstrata.
[4] Marge bénéficiaire d’exploitation (médiane). Source : rapports annuels.

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