Politiques d’énergies alternatives ≠ croissance économiquePlus de 200 parcs éoliens et solaires ont été construits (ou sont en voie de l’être) depuis les dix dernières années au Canada, représentant 45 milliards de $1. S’il s’agit de remplacer la production d’énergie provenant de sources génératrices de GES, c’est un pas dans la bonne direction. Baisse de l’investissement total à prévoir S’il s’agit cependant de « remplacer » l’investissement pétrolier en termes de montants investis, la marche est trop haute. On voit mal quelle activité d’investissement productif pourrait rivaliser avec les 500 milliards $ et plus investis depuis 2006 dans l’extraction d’hydrocarbures et le raffinage de pétrole au Canada2. Peut-on espérer un apport significatif du côté de l’investissement dans les nouvelles industries associées à la construction et l’entretien des infrastructures de production d’énergie alternatives3? Peu probable : ces projets demeurent peu nombreux et leur valeur est modeste4. Il est vrai que l’investissement dans les énergies alternatives et dans la réduction des GES ne passe pas que par la construction de parcs éoliens et solaires non plus que par la fabrication de pièces et équipements qui leur sont associés: il passe aussi par des modernisations d’actifs productifs existants et qui peuvent comprendre tant des conversions vers des sources d’énergie moins polluantes qu’un meilleur rendement énergétique (ex. : projets d’efficacité énergétique, production d’énergie à partir de matières résiduelles ou de biomasse). Et l’emploi? Conséquence fâcheuse : l’érosion de l’emploi qui tend à accompagner les modernisations (puisque celles-ci s’accompagnent presque toujours d’un niveau accru d’automatisation). Au total, la création d’emploi risque en effet de décevoir. Un milliard de $ investi dans la production d’énergies alternatives, dans la fabrication de pièces associées et dans les modernisations ne crée en moyenne pas plus de 300 emplois5. Les politiques vertes ont beaucoup de vertus. Mais avec une contribution limitée aux dépenses d’investissement et à la création d’emploi, ce ne sont pas elles qui vont dynamiser l’économie. Tout au moins pas comme on la mesure actuellement.
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[1] E&B DATA, CAPEX-en-ligne, 2015. Ces projets représentent une capacité de plus de 15 000 MW. À titre de comparaison, la capacité combinée des trois plus grands projets d’énergie hydraulique en cours de développement au Canada est de l’ordre de 3 500 MW. |