Post COVID-19 : vers des scénarios de reprise économiqueMalgré le caractère inusité du choc économique actuel et le climat d’incertitude qui continue de prévaloir, on peut néanmoins déjà tracer les grands axes des scénarios de reprise économique, scénarios selon lesquels des stratégies de redressement pourront être modulées. Dans le contexte d’économies diversifiées et ouvertes telles que celle du Canada et du Québec en particulier, on peut distinguer au moins deux axes à ces scénarios:
Les scénarios qui résultent de cette grille d’analyse, vont donc d’un scénario jovialiste (reprise rapide dans un contexte de collaboration internationale accrue) à un scénario orageux (reprise lente sans collaboration internationale) en passant par des scénarios intermédiaires. Posée ainsi, cette typologie de scénarios peut structurer la planification de relance économique par le rappel de circonstances historiques3 présentant des similarités avec l’un ou l’autre de ces scénarios. L’analyse de la réponse publique qui fut alors faite lors de ces circonstances peut inspirer l’intervention économique dans la situation courante. Dans le contexte d’incertitude qui demeure sur les effets de la crise sanitaire sur les plans économiques, financiers et fiscaux, E&B DATA estime préférable de se préparer au scénario combinant d’une part, une reprise lente (jusqu’à trois ans) ou en «dents de scie», et d’autre part, des restrictions accrues sur les mouvements internationaux (marchandises, personnes) dans un contexte de fortes disparités entre les nations (variations entre les niveaux de réponse des autorités publiques, d’urgence sanitaire, de cadences de reprise). Dans une situation d’incertitude et d’enjeux vitaux, la seule position rationnelle est de prévoir le scénario le pire… et de se préparer à le mitiger. (Suite au prochain numéro) ******
[1] L’Union européenne brille pour l’instant par son absence de leadership, et par son incapacité de compléter son intégration. Les tentatives récentes de mutualisation européenne des dettes nationales pour financer à des taux réduits les nouveaux déficits attribuables à la crise actuelle (« Coronabonds ») sont cependant mal engagées, avec la résistance coutumière et apparemment inébranlable des pays d’Europe du Nord.↑
[2] “The contraction that is now underway looks to be neither V- nor U- nor L-shaped (a sharp downturn followed by stagnation). Rather, it looks like an I: a vertical line representing financial markets and the real economy plummeting.” A Greater Recession- N. Roubini.↑ [3] L’analyse peut se faire en termes nationaux et macro-économiques ou encore en termes sectoriels. En termes nationaux, on peut évoquer les chocs macro-économiques sur la demande (ex. : crise de 2008-2009), sur l’offre (ex. : embargos pétroliers de 1973 et de 1979) ou à la fois sur l’offre et la demande (ex. : grippe espagnole de 1918-19, Plan Marshall de 1948). En termes sectoriels, on peut évoquer les crises qui ont frappé par exemple l’industrie canadienne des produits forestiers, et les voies de solution qui y ont été apportées. |