Population active : augmenter l’immigration et retarder l’âge de la retraite ne suffiront pas

La main-d’œuvre ne se renouvelle plus. Le marché de l’emploi québécois « frappera un mur » dès 20201. La demande de travail sera supérieure à l’offre et les objectifs de croissance économique (de l’ordre de 2%2) seront donc compromis. Comment atténuer le choc économique?

L’immigration : même triplée, elle ne pourra compenser le déclin de la population

Parmi les mesures de mitigation possibles, l’immigration est l’une des moins susceptibles de faire une différence significative dans le déclin de la population active. Même si l’immigration totale triplait à moyen terme, passant de 50 000 à 150 000 par an d’ici 2030, l’atteinte du « mur » serait à peine retardée. En outre, l’intégration de ces nouveaux arrivants au marché du travail est ralentie par les barrières de langues, la reconnaissance des qualifications ainsi que des difficultés chroniques d’acceptation par les ordres professionnels. Ces problèmes contribuent à expliquer un taux de chômage de près du double de celui de la population en général3, un taux d’activité plus faible4, sans parler d’une émigration subséquente5 qui réduit encore davantage l’effet net de l’immigration sur le marché du travail.

L’âge de la retraite : entre l’intention des politiques publiques et la réalité du marché du travail

Une autre mesure de mitigation sur laquelle l’État peut avoir une certaine influence est l’âge des départs à la retraite. Si les départs à la retraite sont retardés, il devient théoriquement possible de compenser, du moins en partie, la faiblesse du nombre des nouveaux venus sur le marché du travail. Mais est-ce vraiment possible? Dans la réalité, presque la moitié des travailleurs de 55 ans et plus qui sont victimes de mises à pied quittent de façon définitive le marché du travail6. On peut comprendre que l’incitation au retour est faible quand on sait que les travailleurs âgés qui parviennent malgré tout à se retrouver du travail prennent une coupure de salaire de près de moitié7. Dans cette perspective, on voit mal comment la bonification du crédit d’impôt à l’égard des travailleurs d’expérience8 pourrait être un incitatif suffisant au maintien sur le marché du travail.

Il existe d’autres mesures de mitigation (ex. : formation, automatisation) mais qui, même combinées, ne suffiront vraisemblablement pas à compenser le déclin de la population active d’ici 2030. Une baisse structurelle de la croissance économique au Québec devient prévisible.

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[1] Simulations réalisées par E&B Data et présentées dans le cadre du webinaire « Halte à la croissance : les travailleurs ne seront plus au rendez-vous », mai 2015. Ces simulations de l’effet du déclin de la population sur le marché du travail futur tiennent compte du nombre de nouveaux emplois à combler afin d’atteindre les objectifs de croissance désirés.
[2] Moyenne des 30 dernières années. Cet objectif a été réitéré en mars 2015 dans le Budget déposé par le gouvernement du Québec.
[3] Grenier, Gilles, and Brahim Boudarbat,« L’impact de l’immigration sur la dynamique économique du Québec », No. 2015rp-06. CIRANO, 2015.
[4] Idem.
[5] Institut de la statistique du Québec.
[6] Statistique Canada, Tableau 282-0217.
[7] Institut de recherche en politiques publiques,« Les travailleurs licenciés d’un certain âge sont souvent poussés à la retraite », 2011.
[8] Récemment instaurée dans le Budget déposé par le gouvernement du Québec

 

 

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