Pourquoi la réduction du CAD vs USD ne stimule pas davantage nos secteurs d’exportation?

La bonne nouvelle : les exportateurs canadiens de produits manufacturés1 ont presque réussi à rattraper les niveaux d’exportations aux États-Unis qu’ils avaient atteints lors des sommets d’avant la crise financière. La croissance récente a été rapide : 6,9 % en croissance annuelle moyenne par an depuis 20092 (6,0% pour le Québec).

La mauvaise nouvelle : ce rattrapage cache la détérioration de la part du marché américain qu’occupe le Canada par rapport aux autres pays et rien n’indique que le Québec présente une meilleure performance3. Quand on sait que la croissance des exportations manufacturières a constitué un des moteurs de croissance du PIB québécois depuis 20094 et que les États-Unis continuent à être – et de loin – la première destination pour les produits manufacturés québécois (73% en 2014), la détérioration de cette part du marché américain prend une importance particulière. Pour le Canada, cette part de marché est en effet graduellement passée de 15% en 2005 à 11% en 20145. Il serait trop facile d’attribuer cette détérioration à la Chine6; en effet, d’autres régions du monde ont réussi à conserver, ou même à augmenter leur part du marché américain au cours des dix dernières années :

  • Mexique : augmentation de sa part de marché de 10% à 13% par rapport aux autres pays qui exportent vers les États-Unis;
  • Pays de la zone euro7 : maintien de la part de marché à près de 16%.

Répartition de la valeur des importations manufacturières1 par les
États-Unis selon les plus importantes régions d’origine – 2005-2014
Répartition des importations manufacturières par les États-Unis selon les plus importantes régions d’origine – 2005-2014
Source : US Census Bureau.

Les autorités économiques canadiennes fondent beaucoup d’espoir sur la dépréciation du dollar canadien vis-à-vis le dollar américain8 (le $CA a perdu 20% de sa valeur par rapport au $US depuis les 24 derniers mois9). Cependant, cette dépréciation n’est pas limitée au dollar canadien. Les monnaies de nos concurrents se sont également dépréciées vis-à-vis le dollar américain (l’euro et le peso ont perdu respectivement 30% et 20% de leur valeur face au dollar américain depuis les 24 derniers mois10), éliminant l’avantage comparatif procuré par la dépréciation du dollar canadien par rapport à ces rivaux visant le même marché.

L’éventualité d’un accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne (Transatlantic Trade and Investment Partnership – TTIP) ne fera évidemment rien pour améliorer les perspectives de nos exportateurs.

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[1] Code 31-33 selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN).
[2] Jusqu’à la fin 2014. Les exportations des industries manufacturières constituent respectivement 63% et 91% de la valeur de toutes les exportations canadiennes et québécoises. À noter que pendant ce temps (2009-2014), la valeur des importations américaines augmentait de 9,3% en moyenne par an. Croissance nominale. Sources : US Census Bureau et Industrie Canada, selon Statistique Canada et le US Census Bureau.
[3] La part des exportations des industries manufacturières québécoises par rapport aux exportations des industries manufacturières canadiennes dans leur ensemble vers les États-Unis est restée stable entre 2005 et 2014 (de l’ordre de 20%). Source : Industrie Canada, selon Statistique Canada et le US Census Bureau.
[4] Les exportations des industries manufacturières québécoises ont connu une croissance annuelle moyenne deux fois plus élevée que celle du PIB entre 2009 et 2014. Sources : à partir des données d’Industrie Canada et de Statistique Canada.
[5] Source : US Census Bureau. À noter qu’il n’y a pas de correspondance exacte entre la valeur des exportations canadiennes vers les États-Unis selon Industrie Canada et la valeur des importations américaines en provenance du Canada selon le US Census Bureau. La différence est en général de l’ordre de 15% par an au cours des 10 dernières années.
[6] En 10 ans, la part de marché de la Chine pour les produits manufacturés importés par États-Unis est passée de 18% à 24% (2005-2014).
[7] Comprend les 19 pays membres en date de juillet 2015.
[8] Voir également : Gel des grands investissements privés et refroidissement des consommateurs canadiens: qu’est-ce qui réchauffera l’économie canadienne en 2015 ?, E&B Data, 29 janvier 2015.
[9] Source: Board of Governor of the Federal Reserve System, Foreign Exchange Rates, G.5 Statistical Release – Monthly rates, consulté le 10 juillet 2015.
[10] Idem.

 

 

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