Turbulences sur les marchés : Quelles conséquences pour le Québec en 2014 ?

Le ralentissement de l’économie chinoise est maintenant une évidence pour tous. Ce qui ne l’est pas est la fragilité de son système de crédit.

Depuis presque deux ans, la croissance du crédit en Chine (supérieure à 20% sur une base annuelle) est anormalement dissociée de la croissance économique (inférieure à 10%)[1]. Cette croissance est attribuable au « shadow banking », soit les institutions financières régionales et non-réglementées, dont les prêts sont le plus souvent basés sur des actifs immobiliers dont la valeur est de plus en plus douteuse. Les résultats de ces prêts se font de plus en plus attendre. En terme économique, cela signifie des investissements non productifs. En terme bancaire cela signifie des risques de défaut.  Face à une possible crise du crédit, l’économie chinoise va-t-elle tenir ?

La réponse semble être favorable car les fondamentaux chinois demeurent forts avec notamment un trésor en réserves de devises étrangères[2] et la conviction largement partagée que les autorités chinoises seront désireuses et capables d’être le prêteur de dernier recours.

Mais ce n’est pas tout. Au ralentissement de l’économie chinoise s’ajoute la fin anticipée du programme de stimulation monétaire aux États-Unis. On assiste à un mouvement soudain et massif de capitaux qui délaissent les  économies « émergentes » vers les États-Unis, rendant  vulnérables  ces économies (ex. : Inde, Afrique du Sud, Turquie, Indonésie) avec les risques qui en résultent (ex. : décotes).

Les conséquences pour le Québec ? Le dollar canadien baisse par rapport au dollar US. La demande pour les matières premières s’essouffle, et tout indique que les prix des matières premières vont baisser davantage. Ces derniers étaient déprimés depuis les niveaux atteints en 2011, mais à part quelques exceptions (l’aluminium), ils demeuraient suffisamment fermes pour justifier la poursuite d’opérations industrielles : aucune fermeture n’avait eu lieu (sauf exception) dans les secteurs des ressources naturelles jusqu’ici au Québec. Les secteurs industriels visant davantage le marché US pourraient cependant être favorisés pendant un certain temps. En effet,  on assiste aux États-Unis à une certaine embellie de l’économie au cours des derniers mois. Va-t-elle se poursuivre ? Est-ce que les États-Unis vont « remplacer » la Chine et redevenir le moteur de la croissance mondiale ? Difficile de le croire, si l’on se fie à la faiblesse structurelle de la demande intérieure aux États-Unis[3].

On ne peut plus écarter la possibilité d’une grippe de l’économie mondiale dans les mois qui viennent.


[1] Données établies à partir de données statistiques officielles chinoises et d’analyses de Goldman Sachs et Société Générale.

[2] Supérieures à  3 000 milliards $US (équivalent). Source : Banque Mondiale.

[3] Plusieurs indices montrent en effet des niveaux de consommation qui demeurent nettement inférieurs aux niveaux pré-2008 : consommation de pétrole, achats de véhicules neufs, mises en chantier.

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