Vers une recomposition de l’investissement étranger au Canada ?

Moins de traders, plus d’investisseurs SVP

Un regard sur les flux d’investissement étranger au Canada suggère une insuffisance croissante de l’intérêt des étrangers pour les investissements autres qu’en portefeuille1 et comme la figure l’illustre, les flux nets d’investissement direct étranger (acquisition d’entreprises et dépenses en immobilisations) sont de plus en plus négatifs.

Flux nets de l’investissement étranger au Canada –
Moyennes trimestrielles – 2013-2017 – MM $
 
Flux nets de l’investissement étranger au Canada  – Moyennes trimestrielles – 2013-2017 – MM $

Statistique Canada2. Note : Deux premiers trimestres de 2017.

Lecture : Les flux d’investissement en portefeuille au Canada indiquent que les étrangers accumulent depuis 2013 plus d’avoirs au Canada que les investisseurs canadiens ne le font à l’étranger. Par ailleurs, les investisseurs canadiens ont été plus actifs en investissement directs à l’étranger que l’inverse. Ce phénomène contribue à réduire la croissance du PIB.

De fait, l’investissement direct étranger destiné au Canada a pratiquement diminué de moitié entre 2013 et 20163. En terme de dépenses en capital, la valeur des nouveaux investissements étrangers dans les mégaprojets industriels s’est effondrée à moins de 10 % du sommet de 20124. Même si les prix des matières premières se relèvent légèrement et que l’économie mondiale semble se réveiller, les fondamentaux économiques sur le plan international ne sont pas rassurants (ex. : endettement public et privé, plafonnement de la mondialisation) et la reprise des grands investissements industriels au Canada est improbable du moins à court terme.

Qu’est ce qui pourrait ramener davantage d’investisseurs étrangers au Canada ?

Les infrastructures comme voie alternative à l’investissement étranger

Les grands investisseurs institutionnels (typiquement des caisses de retraite et des fonds souverains) sont de plus en plus actifs à l’extérieur de leur frontière dans le cadre de financement de grands projets d’infrastructure, en particulier dans les secteurs du transport et de l’énergie. Les investisseurs institutionnels canadiens sont déjà actifs en ce sens5. À titre indicatif :

  • la Caisse de dépôt et de placement du Québec avec ses participations dans l’aéroport de Heathrow ou le port de Brisbane ;
  • le fonds de pension des employés municipaux de l’Ontario (OMERS), avec ses participations dans les réseaux de distribution électrique finlandais et suédois ou encore dans l’aéroport de Chicago.

Est-ce que le mouvement inverse existe ? Les investisseurs institutionnels étrangers semblent encore peu présents dans les projets d’infrastructure au Canada, même si certains manifestent déjà un intérêt. À titre d’exemples récents, les participations de deux sociétés d’État issues de pays du golfe Persique dans des infrastructures portuaires en Colombie-Britannique6. Ces investisseurs institutionnels recherchent des occasions de placement sur de longues périodes. Ils contribuent au montage financier et sont souvent plus à l’aise avec des rendements modérés mais stables sur le long terme.

Dans le monde d’aujourd’hui où les repères habituels font défaut et où les équilibres commerciaux entre nations sont remis en cause, une certaine mutualisation des investissements à long terme entre pays pourrait apporter un peu de stabilité et de prévisibilité – des denrées rares, ces temps-ci.

******

[1] Voir notamment Banque Nationale du Canada. Hot Charts. Vol. XVIII, No 95. August 30, 2017. « The resulting dependency on foreign capital inflows is not necessarily a bad thing if the current account deficit is being financed by inflows that are long-term, stable and help raise an economy’s potential growth, e.g. fixed direct investment. But unfortunately for Canada, the main source of financing is short term capital ».
[2] Calculs d’E&B Data à partir de Statistique Canada, tableaux 376-0103 et 376-0104.
[3] Source : United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD). World Investment Report 2017. Figure I.11. FDI Inflows, top 20 host economies, 2015 and 2016. World Investment Report 2013. Figure 2. FDI Inflows: top 20 host economies, 2012 and 2013.
[4] Source : CAPEX-en-ligne, E&B Data.
[5] Contribuent-ils au déficit du compte courant canadien ? Assurément, mais leur l’objectif de rendement et de diversification de ces fonds de pension demeure louable pour la collectivité canadienne.
[6] Saudi Agricultural and Livestock Investment Company (SALIC), investisseur dans un terminal céréalier à North Vancouver, en Colombie-Britannique; DP World, filiale de Dubai World, investisseur et opérateur, entre autres, du terminal Centerm au port de Vancouver.

 

— Nouvelle publication —
Le Prospecteur

La publication mensuelle « Le Prospecteur » dresse le portrait d’un créneau industriel novateur présentant une occasion d’affaires et d’investissement au Canada.


 

E&B DATA INFOLETTRES


 


 


 


 

* champ requis

 

 
 

Dernière édition de :
PERSPECTIVES MÉGAPROJETS

Perspectives Mégaprojets 1Q2017

 

La bulle n’éclate pas… mais se dégonfle

Les commentaires sont fermés.