Ressources naturelles : Montée en puissance des investisseurs canadiens
Cinq ans après le sommet des prix des matières premières, le climat d’investissement n’est plus le même au Canada. L’activité s’est calmée, la poussière est tombée et le nouveau paysage des industries de ressources naturelles est maintenant plus visible. Les investisseurs étrangers semblent refroidis par les contraintes canadiennes en termes d’infrastructure et certains seraient même attirés par les nouveaux assouplissements réglementaires et fiscaux au sud de la frontière.
Nouveaux mégaprojets industriels – Canada – 2008 à 2017
Source : CAPEX-en-ligne, E&B DATA. Basé sur les annonces de projets.
Même si les nouveaux investissements d’envergure sont en apparence à des niveaux de période de récession1, la situation est pourtant loin d’être négative pour les investisseurs qui ont mené leurs projets à bien.
Pétrole. Malgré le retrait de plusieurs grands investisseurs étrangers2, malgré les abandons de grands projets, malgré aussi les blocages apparents des capacités d’exportation, la production et les exportations ont atteint des sommets historiques avec des croissances en volume de 9 % et 10 % respectivement en 2017. Manifestement, tout ne va pas mal au pays de l’or noir.
Transformation pétrolière en aval. Même si les capacités canadiennes de raffinage de pétrole demeurent largement stagnantes, sinon en déclin depuis plus de 50 ans, la pétrochimie se développe dans les résines plastiques aux complexes de Strathcona et Sturgeon County, Alberta et de Sarnia, Ontario.
Gaz naturel. La fenêtre d’opportunité qui s’était ouverte il y a quelques années est presque complètement refermée et plus de 15 mégaprojets d’exportation par terminal méthanier ont ainsi été mis au rancart. Deux ou trois projets verront peut-être le jour dans la prochaine décennie et pourraient se retrouver tant sur la côte Ouest que la côte Est.
Minerais. Malgré une certaine remontée en 2017, les prix des principaux minerais canadiens sont retombés au niveau de 2006. En conséquence, la quasi-totalité des grands projets annoncés, mais qui n’étaient pas encore en construction au moment de la chute des prix, sont à toutes fins pratiques en dormance. Et pourtant… les opérations minières canadiennes sont avantagées par le taux de change CAD/USD et par des coûts énergétiques qui demeurent bien moindres qu’anticipés lors du lancement des projets. Même si les grands projets de fer et de potasse sont en suspens, les projets de minéraux liés à l’innovation énergétique (ex. : lithium) n’ont pas fini de faire parler d’eux.
Après la période de forte croissance des capacités de production qu’elle a connue depuis le début de la décennie, les industries des ressources naturelles limitent au maximum ses dépenses d’immobilisation et engrangent les profits. Certains projets se dessinent, mais attendront pour être activés que les perspectives économiques à moyen terme se stabilisent.
La période a cependant vu l’essor d’une industrie canadienne d’envergure, présente pour le long terme. Même sans avoir l’accès aux mêmes réseaux de financement et de commercialisation que leurs grands concurrents internationaux, les investisseurs canadiens maintiennent leur capacité de prospérer dans un contexte institutionnel, réglementaire et compétitif certainement plus contraignant que dans plusieurs régions concurrentes. En fait, les investisseurs canadiens reprennent une part dominante, avec près de 80 % de la valeur des mégaprojets qui se dessinent au Canada pour la prochaine décennie3.
