De la vulnérabilité à la résilience1
Reconfiguration des chaines industrielles au Québec

Que la résolution de la crise sanitaire soit imminente ou non, personne n’en ressortira inchangé, qu’il s’agisse de citoyens, d’entreprises ou d’administrations publiques. Nous avons été, individuellement et collectivement, déstabilisés par des vulnérabilités largement insoupçonnées.

Désindustrialisation des mentalités : retour de balancier ?

Au niveau de la sécurité économique, la prise de conscience de la fragilité de nos approvisionnements a amené son corollaire, soit la prise de conscience de l’importance de pouvoir disposer d’une capacité de production industrielle locale, et qui va quelque peu à l’encontre de l’idéal d’une « économie de services » épurée des externalités négatives associées aux activités industrielles.

  • Il s’agit en premier lieu des capacités de production essentielles pour la réponse aux besoins de base (santé, alimentation);
  • Il s’agit aussi de capacités de production pour des produits en demande à l’international, afin d’assurer la poursuite d’activités économiques et la génération de revenus d’emplois.

Cette prise de conscience du besoin de nouvelles capacités productives se manifeste à un moment où, selon les indicateurs préliminaires, en date d’août 2020, les annonces d’investissement industriel au Québec ont par près de 70 %, comparativement à 2019, une chute plus marquée qu’au niveau international (chute de l’ordre de 50 % par rapport à 2019)2.

Des opportunités d’investissement… latentes

Il existe de nombreuses opportunités d’investissements au Québec3, touchant plusieurs industries d’avenir…si on sait les appuyer. Mais ce potentiel de nouvelles activités économiques est souvent théorique. Il s’agit en effet de d’opportunités latentes – plusieurs de ces opportunités étant en effet sujettes à de véritables blocages structurels, souvent de nature institutionnelle. Il s’agit par exemple :

  • de l’accès souvent problématique aux marchés publics, surtout lorsqu’il s’agit de produits innovants. On note par exemple ainsi que le discours enthousiaste des instances publiques sur le soutien à l’innovation n’est pas suivi – bien au contraire – dans les pratiques des acheteurs dans les administrations publiques pour lesquels « innovation » rime avec « risque »;
  • de l’excuse parfois facile de l’obligation de respecter les accords de commerce internationaux pour ne montrer aucune ouverture aux fournisseurs de proximité;
  • des embuches aux implantations de nouvelles capacités productives. On note ainsi – au niveau local – que le discours favorable des administrations publiques concernant par exemple la désirabilité de l’économie circulaire, se bute à des interdictions d’ordre réglementaire (ex. : règlement de zonage sur les activités de recyclage);
  • des critères de financement bancaire, qui défavorisent les produits plus chers à l’achat, mais moins chers dans la durée, ce qui est le cas de nombreux produits plus durables que les produits conventionnels, mais dont l’avantage de cout ne se révèle qu’après quelques années (ex. : flottes de véhicules électriques).

Ne jamais gaspiller une bonne crise

Ces blocages structurels ne sont pas insurmontables pour autant – et la crise actuelle met en lumière leur caractère nuisible. Le moment est venu de s’y attaquer.

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[1] Extrait de « Repenser les chaînes industrielles pour une économie forte et résiliente ». Deloitte et E&B DATA. Novembre 2020.
[2] Estimation basée sur un suivi des activités d’investissements industriels annoncés au Canada (E&B DATA) et au niveau international (Trendeo). La chute de l’investissement industriel en 2020 au niveau mondial a été de l’ordre de 50 %.
[3] Voir note 1. Plusieurs opportunités y sont ainsi listées.

 

Le Prospecteur

La publication mensuelle « Le Prospecteur » dresse le portrait d’un créneau industriel novateur présentant une occasion d’affaires et d’investissement au Canada.


 

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